16
La déesse

La religion est un ensemble de croyances, de dogmes, de pratiques et de rites qui définit le rapport d’un être vivant avec une puissance divine ou surnaturelle. C’est un système qui permet d’interpréter le monde et de donner des réponses aux grandes questions de la vie.

Les icariens croyaient fermement en la réincarnation. À sa mort, le corps redevenait poussière, libérant ainsi une essence immortelle à deux facettes : l’âme (la lumière de vie) et l’esprit (la conscience d’exister). Cette essence de vie double descendait alors dans le royaume des morts où elle se divisait. L’âme s’échappait vers le soleil où Pégase lui-même la rechargeait, alors que l’esprit continuait sa route vers la lune où l’attendait Méduse, la première des gorgones. Dans la mythologie icarienne, les écrits racontaient que Pégase était né du sang de la gorgone et que, depuis ce jour, il polissait les esprits des morts pour leur donner le lustre nécessaire à une future réincarnation.

Une fois l’esprit inspecté par Méduse et l’âme remplie par Pégase de sa quantité maximale de jours, les deux essences de vie fusionnaient à nouveau pour redevenir une seule entité et intégrer le corps d’un jeune icarien naissant.

En raison de cette croyance, la gorgone était considérée, dans la culture de la grande cité, comme une créature mythologique aux pouvoirs divins. Pour les icariens, il n’existait qu’une seule et unique gorgone et c’était celle de la légende ! Impossible pour eux de concevoir qu’il pouvait y en avoir plusieurs, bien vivantes dans le monde réel.

Voilà pourquoi l’arrivée de Médousa avait provoqué une commotion chez les habitants de la cité. Les icariens pensaient avoir devant eux la réincarnation de la déesse lunaire. La mère du grand dieu Pégase avait quitté la lune pour revenir sur terre afin de les guider.

Une voix forte s’éleva dans la foule des adorateurs.

— Je suis l’oracle des oracles, dit un très vieil homme-corbeau appuyé sur son bâton, et j’attends ce jour depuis mille ans. J’ai écrit les rouleaux d’or et d’ambre et aujourd’hui je vois que mes prophéties se sont réalisées. Je vous accueille, déesse, et vous demande de bénir le peuple des icariens.

L’homme qui venait de parler était celui qu’Amos avait vu dans le tombeau vitré du Temple interdit. L’eau de la fontaine de Jouvence avait vraisemblablement accompli le miracle escompté par les gardiens du dogme.

— Euh…, fit Médousa en regardant Amos, je fais quoi, là ?

— Tu bénis le peuple, lui murmura-t-il à l’oreille.

— Bon, très bien, bredouilla la gorgone. JE VOUS BÉNIS ET JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE JOURNÉE ! Viens, Amos, on fout le camp, nous retournons à Upsgran…

— Je ne crois pas que les choses soient aussi simples, Médousa, répondit le porteur de masques en la retenant par le bras. Les icariens croient que tu es une déesse…

Amos s’était rappelé les écrits de l’oracle des oracles qui disaient ceci :

Ainsi, je reverrai le jour

et pourrai admirer ma création.

Jusqu’à l’arrivée de la déesse,

la nouvelle reine, je vivrai…

Jusqu’au début de l’ère nouvelle.

En vérité, cette prophétie annonçait l’arrivée de… Médousa.

— Si j’avais su, soupira le garçon en souriant, je me serais moins creusé la tête pour trouver une solution aux augures !

L’interrompant dans ses pensées, l’oracle des oracles reprit la parole :

— Votre sagesse est grande, déesse de la lune et mère des esprits des morts, car cette journée sera la meilleure qu’ait connue et que connaîtra la cité de Pégase. Vous avez tendu vos ailes pour descendre jusqu’à nous et, maintenant, votre peuple écoute ! Parlez, nous exécuterons !

— Mais je n’ai rien à dire, chuchota Médousa à Amos. Je leur dis quoi, moi, à tous ces gens ?

— Dis-leur que des amis venus du ciel descendront te rejoindre et que tu veux te recueillir dans le Temple interdit ! Dis-leur aussi de quitter la Ville pourpre et de rentrer chez eux dans le calme.

— ALORS VOILÀ ! JE VEUX ME RECUEILLIR DANS LE TEMPLE POURPRE…

— Interdit… Le Temple interdit, la corrigea Amos.

— INTERDIT, OUI, INTERDIT ! reprit la gorgone. DES AMIS À MOI QUI VIENNENT DU CIEL ME REJOINDRONT POUR…POUR… PARLER DE… DE CHOSES QUI NE VOUS REGARDENT PAS. ENFIN, RENTREZ CHEZ VOUS ET PRIEZ JUSQU’À NOUVEL ORDRE ! ALLEZ, OUSTE !

Le peuple se leva et regagna en silence la Ville impériale et la Ville royale. Les icariens de la Ville pourpre, y compris les soldats, demeurèrent sur place, tête baissée.

— Demande-leur de nettoyer les dégâts, murmura Amos à Médousa. Ça les occupera un moment…

— CEUX QUI RESTENT, ordonna Médousa, VEILLERONT À DONNER UN BON COUP DE BALAI ! IL FAUDRAIT AUSSI REMETTRE LES CHOSES EN PLACE… EXÉCUTION !

Comme des robots, les homme-oiseaux se mirent au travail.

Du haut des airs, Béorf laissa tomber un câble qu’Amos attrapa sans difficulté. Avec l’aide de quelques soldats icariens, il fit descendre la flagolfière jusqu’à terre et l’arrima solidement. Lolya bondit de la nacelle et se jeta dans les bras de son ami en pleurant de joie.

— Il y a si longtemps…, dit la jeune Noire en serrant Amos contre elle de toutes ses forces.

— Trop longtemps…, répondit-il. Laisse-moi te regarder, tu as beaucoup changé ! Tu es encore plus magnifique !

Lolya n’était plus la fillette qu’il avait connue, mais une jeune femme. Elle était plus grande et beaucoup moins frêle. Ses yeux vifs brillaient d’une lumière qu’Amos remarquait pour la première fois. Son visage, auparavant un peu potelé, s’était affiné, lui conférant une allure plus féline.

— Toi aussi, tu as changé, remarqua la nécromancienne qui ne le quittait pas des yeux.

À cause des atrocités qu’il avait subies dans les Enfers, Amos avait effectivement un visage plus dur et davantage marqué par la souffrance. La candeur de sa jeunesse s’était effacée pour faire place à un sourire plus mature et à un regard plus pénétrant. Le porteur de masques n’avait rien perdu de son charme, au contraire, mais il était maintenant habité par des sentiments plus graves.

— Bon, assez les minauderies ! fit Béorf en poussant gentiment Lolya. C’est à mon tour de lui briser les os !

Il étreignit Amos si fort qu’il lui fit craquer les os du corps. À l’instar de ses amis, le gros garçon avait changé. Ses muscles s’étaient développés et sa voix, d’une octave plus basse, ressemblait à celle de Banry. Les favoris plus touffus et le corps plus poilu, Béorf avait l’allure d’un véritable béorite d’Upsgran.

— Alors, vieille branche ? lança-t-il. Toujours aussi joli garçon, à ce que je vois !

— Et toi, répliqua Amos en rigolant, toujours aussi affamé ?

— Vraiment pas, non ! Le voyage en flagolfière m’a retourné l’estomac. Tu me connais, quand je n’ai pas les pieds sur terre…

— Amos Darrragon ! Quel grrrand plaisir de te rrrevoirrr ! fit une voix dans la flagolfière.

— Flag Martan Mac Heklagrœn ? s’étonna Amos. Est-ce bien vous ?

Flag sortit la tête de la nacelle.

— Qui d’autrrre aurrrait pu guider vos amis jusqu’à vous ? fit le lurican, au comble de la joie. Chez moi, sur l’île de Frrreyja, on dit qu’on a toujourrrs besoin d’un plus petit que soi ! Et comme les lurrricans sont toujourrrs les plus petits, on a donc toujourrrs besoin de nous ! ! ! Hé ! hé !

— Et maintenant, si nous allions dans le temple pour discuter ? proposa Médousa. Je trouve que les gens de la ville commencent à nous regarder d’un drôle d’air…

— Tu as raison, dit Amos. Allons-y…

— Moi, je rrreste ici avec la flagolfièrrre ! lança Flag en allumant sa pipe. Je dois la recharrrger d’huile de rrroche et j’ai quelques rrréparrrations à effectuer surrr le gouverrrnail… Je vous attends, prrrenez le temps qu’il vous faut !

— Très bien, répondit le porteur de masques. À plus tard, Flag !

Les quatre compagnons entrèrent dans le temple où les hommes-corbeaux, gardiens du dogme, les accueillirent cérémonieusement. Deux prêtres les conduisirent dans une grande salle qui ressemblait à une chapelle et se retirèrent sans prononcer un mot. Sur une table, de la nourriture et des boissons les attendaient.

— Il faut que tu m’expliques ce qui se passe ici, Amos, commença Médousa.

— Et où étais-tu depuis l’effondrement de la tour d’El-Bab ? continua Lolya.

— J’ai récupéré Al-Qatrum et tes oreilles de cristal, ils sont à Upsgran, ajouta Béorf. Tu sais que nous avons cherché ton corps pendant près d’un mois ?

— Pourquoi ces créatures me prennent-elles pour une déesse ? reprit Médousa.

— Ta mère est en vie, le savais-tu ? enchaîna Lolya. Et Maelström ! As-tu hâte de le revoir ?

— Es-tu vraiment allé dans les Enfers ? poursuivit Béorf. Ah oui ! Nous devons te parler de Ramusberget, aussi ! Il y a des choses étranges qui…

Amos leva les bras pour faire taire ses amis.

— Un à la fois, dit-il en rigolant. Je sais que nous avons beaucoup de rattrapage à faire, mais…

On frappa alors à la porte. Après une courte hésitation, Médousa demanda :

— On ouvre ?

— Euh… pas tout de suite ! répondit Amos. Arrangeons d’abord la pièce…

— Arranger la pièce ? Mais pourquoi ? lança Béorf.

— Je t’expliquerai…

Amos couvrit le petit autel d’une grande nappe sur laquelle il installa une grosse chaise de bois. Puis il disposa les autres sièges en direction de ce trône improvisé et demanda ensuite à la gorgone d’y prendre place.

— Bon…, fit le porteur de masques, je vous demande de jouer le jeu ! Faites-moi confiance, je vous expliquerai plus tard. Médousa, tu es une déesse venue rétablir l’ordre dans la cité ! Béorf, transforme-toi en ours et va à ses pieds, près de la chaise, l’effet sera saisissant !

Lolya prononça quelques paroles magiques et une fumée glauque s’éleva du sol.

— C’est pour l’ambiance, précisa la nécromancienne. Qu’en pensez-vous ?

— Tu es extraordinaire ! s’exclama Amos. Voilà exactement ce dont nous avons besoin !

Donc, Lolya et moi ferons semblant de prier. S’il y a un problème, je t’enverrai un message, Médousa, pour te dire quoi faire. Faites-moi confiance et tout se passera bien !

— Sacré Amos ! murmura Béorf à la gorgone. Il est à peine revenu dans notre vie que nous nous amusons déjà follement !

— Parle pour toi, chuchota Médousa. Ce n’est pas toi qui joues la déesse !

— Normal ! ajouta Béorf, ce sont les plus belles créatures qui ont toujours les plus beaux rôles !

— Oh ! fit Médousa en rougissant. Tais-toi, beau parleur !

Amos alla ouvrir la porte et découvrit Aélig de l’autre côté. Elle était accompagnée de l’oracle des oracles et du prêtre Frangroy.

— Je veux parler à la déesse, dit-elle froidement. Puis-je ?

— Oui… elle est là. Tu peux entrer…

— Il faudra que tu m’expliques pourquoi la déesse semble si bien te connaître, glissa Aélig à l’oreille d’Amos. Sa présence me contrarie beaucoup !

La reine pénétra dans la pièce en ordonnant à son escorte de l’attendre à l’extérieur. D’un pas régulier et sûr, elle avança très dignement vers le trône, puis s’agenouilla devant la gorgone.

— Je suis Aélig, dit-elle, souveraine de la cité de Pégase. Je vous souhaite la bienvenue parmi nous.

— Merci beaucoup, répondit Médousa en s’éclaircissant la voix. Votre accueil me touche beaucoup.

— Le peuple, les oracles et les prêtres semblent croire que vous êtes descendue de la lune pour prendre le contrôle de la cité, est-ce la vérité ?

— Euh… mes intentions ne sont pas… encore… pas encore arrêtées à ce sujet.

— Je comprends… Vous venez sans doute me mettre à l’épreuve pour savoir si je suis bien celle que les prophéties annoncent !

— Euh… oui… c’est cela…, répliqua Médousa. Si vous êtes digne de… de gouverner… je retournerai sur la lune !

— Sachez, grande déesse, que j’occupe la position de reine depuis très peu de temps et que mes preuves sont encore à faire. Amos Daragon, que vous semblez bien connaître, pourra sans doute vous parler favorablement de moi. Depuis que nos regards se sont croisés, nos cœurs se sont intimement liés. Il est mon rodick. Il est celui que j’ai choisi pour gouverner cette grande cité à mes côtés et pour devenir roi des icariens. Nos sentiments sont purs et… et nous nous aimons passionnément !

À ces mots, Lolya se sentit défaillir. Sous la violence de l’émotion, son cœur faillit s’arrêter de battre. Des sentiments confus d’effroi et de colère la chavirèrent en lui mouillant les yeux. La crainte de voir sa place ravie par cette créature dans le cœur d’Amos et de le perdre à jamais était insoutenable. Cette Aélig venait de tuer tous ses espoirs. Une jalousie brûlante s’empara de la nécromancienne et lui fit serrer les dents de rage.

Médousa, qui connaissait les sentiments de son amie pour Amos, observa sa réaction du coin de l’œil. Rapidement, elle tenta de reprendre la situation en main.

— Les amourettes de passage d’Amos Daragon ne constituent pas une référence dans l’aptitude à gouverner une cité. Je prends quand même bonne note de ce que vous me dites…

— Vous vous méprenez, il ne s’agit pas d’un amour passager, insista Aélig. Amos deviendra roi de…

— Il ne deviendra roi de rien du tout ! coupa Médousa. Il a autre chose à faire que de flâner dans votre ville et sa mission est plus importante que n’importe qui ou n’importe quoi ! Et tant que je serai là, Amos ne se mariera avec personne !

— Mais… je…

— Terminé ! Laissez-nous maintenant… J’ai besoin de me reposer !

La reine se releva dignement et se dirigea vers la porte. En passant près d’Amos, elle lui murmura :

— Ne t’inquiète pas… j’ai un plan !

Une fois que l’icarienne eut quitté la pièce, Médousa et Béorf bondirent.

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire de roi ? tempêta la gorgone.

— Tu abandonnes tout ? grogna l’homme-ours. L’équilibre du monde ne te concerne plus ?

— Explique-nous vite, enchaîna Médousa, parce qu’il y a plus important à gérer que les volontés de cette Aélig !

— Nous n’avons pas fait ce voyage pour te laisser ici, ajouta Béorf. En plus, savais-tu qu’il y a un autre dragon dans la montagne de Ramusberget et… ?

— Taisez-vous ! s’exclama Amos. Je vais vous expliquer… Tout s’explique très bien d’ailleurs.

— Est-ce que tu l’aimes ? demanda timidement Lolya qui n’avait pas encore bougé.

— Je crois que oui, répondit Amos après quelques secondes de silence.

 

La Cité de Pegase
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